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Erasmus en balade en Bavière
2 décembre 2005

Traduttore traditore

  Partant d’une expérience vécue et troublante, revue non exhaustive des subtilités de l’entente franco-allemande.

  Recevant lundi soir dernier, je me lance dans la préparation d’îles flottantes, les blancs d’œufs sont battus et prêts à être pochés, quand j’avise la bouteille de lait qui devait servir à la crème anglaise. Ne voulant pas risquer un incident diplomatique, la bouteille a fini dans l’évier. Conclusion, quand vous avez des blancs battus en neige, sucrés qui plus est, la seule alternative est de les reconvertir en meringues. Sitôt dit, sitôt fait. Je vous passe le récit des quatre heures de cuisson, mais 50 °C, même si ça cuit doucement, ça doit quand même pas être assez… Bref, trêve de digressions, j’apprend par Svea, la seule allemande de la colloc que je viens de cuisiner des « Baisers ». Devant mon air interloqué, elle me confirme que c’est le nom qu’on donne en français, non ? Le dictionnaire confirme l’aberration.

  Première explication à chaud (80 °C sinon ça cuit pas…), le « in » de « meringue » est tout à fait imprononçable pour un allemand, donc ils ont pris un autre mot, paradigme de la galanterie française, et qui sonnait bien. Et selon la littérature spécifique, ils en ont aucune idée visiblement, à part que Kuss (un baiser, en allemand) était déjà pris par les têtes de nègres, dont la recette est proche de la meringue.

  Pour que vous ayez l’impression d’avoir encore appris quelque chose, d’autres exemple de récupération hasardeuse. « Die Visage » (tiens, c’est devenu féminin au passage), c’est une tête pas nette, qui vous revient pas. « Die Bagage », à l’origine les civils accompagnant l’armée, deviennent les gens qui justement ont un « Visage », la racaille comme on dit par chez nous.

  Il en reste plein, mais point de plagiat je ne ferai.

Source : Doutriaux Claire, Karambolage, Petites mythologies française et allemande, Editions du Seuil/Arte Edition, 2004. Merci Mirjam !

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